Il y a 10 ans, alors que je vivais encore dans le Nord Pas de Calais, j’ai été confrontée à cette “marée humaine” dont parle Ahmed Kalouaz dans ce petit ouvrage pour la jeunesse. Des hommes, des centaines d’hommes arpentaient les routes autour de Calais et on manquait de les renverser accidentellement une fois la nuit tombée. Ils allaient et venaient fatalistes arrêtés dans leur périple aux portes de l’Angleterre et regroupés dans des baraquements. C’était à l’époque où les médias parlaient de “Sangatte” avant d’évoquer la “jungle”.
Nous allons donc suivre Ibrahim dans ce voyage à travers l’Europe, de camions en bateaux, de rêves en désillusions … à pied aussi pendant de longues heures à marcher et surtout courir à la recherche d’une vie meilleure …
L’auteur fait l’impasse sur la réalité de la saleté, le mal de mer des hommes enfermés à quinze dans dix mètres carrés pendant 8 heures. Il évoque à peine les problèmes de peau qui apparaissent au terme de longues semaines sans hygiène, le récit d’Ibrahim apparaît très propre finalement, trop.
Ibrahim, clandestin de 15 ans s’adresse très clairement aux jeunes et peut alors aisément répondre aux questions que ceux-ci se posent lorsqu’ils regardent le journal télévisé sans vraiment le comprendre … Ils pourront s’identifier à cette jeunesse brisée par la guerre et la fuite permanente et pourront alors savourer la chance qu’ils ont de pouvoir vivre libre et en paix.
Un petit livre profondément Humain trop court, trop rapide, qui ne se termine pas vraiment, qui n’a pas de fin parce qu’on sait qu’il n’y en a pas besoin ou qu’on l’imagine que trop bien …
Une histoire qui a admirablement été mise en musique par Souchon en 1993 et qui semble éternellement et inexorablement d’actualité …
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